A partir des années 1880-1890, le mouvement arménophile ne cesse de s’amplifier à mesure que parviennent en France les échos des persécutions ottomanes exercées à l’encontre des populations arméniennes d’Anatolie. Les rapports, notes et correspondances des diplomates et attachés militaires en poste dans la région, informent l’opinion publique sur les persécutions d’Arméniens survenus en Turquie (massacres de 1894/96, et de 1909…), et la France humaniste et compatissante (parlementaires, intellectuels, journalistes, organisations humanitaires et sociales…) s’organise en un vaste mouvement de protestation.
Le développement de ce courant arménophile, « PRO ARMENIA », doit beaucoup à Christapor Mikaëlian, Archag Tchobanian et Hovannés Loris-Melikian. Ce dernier étant notamment chargé par la FRA Dachnaktsoutioun de promouvoir le mouvement, et d’accompagner la publication de “Pro Armenia”, son support média. C’est ainsi que les parlements sont saisis, notamment en France, mais également en Italie, en Belgique, en Angleterre, aux Pays-Bas… Ils sont invités à se prononcer sur des motions réclamant une intervention en faveur des arméniens martyrisés en Anatolie. De grands meetings populaires se déroulent à Paris et dans d’autres capitales.
Des personnalités de renom – Jean Jaurès, Marcel Sembat, Francis de Pressensé, et bien d’autres – montent à la tribune. Les congrès internationaux d’amis de la Cause arménienne et les Conférences pour la Paix constituent un champs d’action privilégié du mouvement « Pro Armenia ». Parallèlement, “Pro Armenia” est publié à partir d’octobre 1900 à Paris. Il deviendra le porte-parole de la cause arménienne. Rédigé en français, il s’adresse à l’opinion publique internationale.
Aux cotés de Pierre Quillard (rédacteur en chef), une pléiade de personnalités du monde politique et culturel français participent à la rédaction du bi-mensuel. On citera notamment Jean Jaurès, Anatole France, Francis de Pressensé, Georges Clémenceau, Victor Bérard, E. de Roberty, Destournelles de Constant, Urbain Gohier, Denys Cochin, Jacquelard et bien d’autres. En Angleterre, ce devait être surtout J. Bryce ; en Italie, Enrico Ferri, et Chibriani.
“Pro Armenia”, édité par le Bureau occidental de la FRA Dachnaktsoutioun, paraîtra ainsi jusqu’en octobre 1908. Par bien des aspects (format, rubriques…), il rappelle “Drochak”, l’organe de la FRA. Les correspondances provenant du “Pays” et parues dans “Drochak” sont traduites pour “Pro Armenia”.
De périodicité bi-mensuelle, il est adressé à de très nombreuses personnalités européennes de premier plan, – chefs d’Etat, homme du monde politique, du monde scientifique ou littéraire – ainsi qu’à des publicistes ou des correspondants de journaux étrangers.